La bienfaisance et les aumônes
Cyprian, Cipriano (Santo), Thascius Caecilius Cyprianus, Cyprien de CarthageDans l'Empire romain, monde sans hospices,
sans retraites, sans sécurité sociale, seuls des actes volontaires de
bienfaisance soulagent les détresses. Lorsque l'Église chrétienne naît
et s'organise, les communautés locales se dotent bientôt d'une caisse de
secours alimentée par les dons des fidèles, sous la responsabilité de
l'évêque.
Au milieu du troisième siècle, Cyprien, évêque de Carthage, écrit La Bienfaisance et les Aumônes
pour inviter ses chrétiens à une large générosité. Dans ce traité,
aucune description pathétique de la misère destinée à apitoyer, et à
susciter la générosité des croyants. Pour Cyprien, le fondement de cette
générosité bienfaisante n'est pas de nature morale ou sociale, mais
théologique. Dieu lui-même a montré sa bienfaisance envers les hommes en
envoyant son Fils, qui est mort pour les rendre à la vie. Cette vie
divine leur est rendue par le baptême. L'aumône, autre effet de sa
bienfaisance, est le moyen que Dieu leur donne de racheter les péchés
commis après le baptême, et elle a Dieu pour objet puisque, en la
personne des pauvres, c'est au Christ que s'adresse leur bienfaisance.
Outre sa richesse théologique, ce petit traité est écrit, ce qui ne gâte
rien, par un homme cultivé qui, sans jamais citer les auteurs profanes,
les connaît bien et nourrit son style de sa familiarité avec les
écrivains classiques.
Michel Poirier est professeur honoraire de Première Supérieure au lycée Henri-IV (Paris).